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Qui était Léo Cormier?

 

 

« Si j’étais dans un coin et que je n’étais pas capable d’être utile, probablement que je serais extrêmement inutile; je serais peut-être même dangereux. » Celui qui, en toute franchise, le 31 mars 1975 se confiait ainsi à Pierre Paquette, animateur à la radio de Radio-Canada, est nul autre que Léo Cormier, alors président de la Ligue des droits et libertés, poste qu’il a occupé de 1973 à 1978. Il a laissé un souvenir impérissable et il a été, et demeure, une source d’inspiration tant par son engagement et son dévouement. Pas étonnant que son nom soit revenu au souvenir de chacun quand il fut question de mettre sur pied une fondation pour promouvoir les droits et libertés.

 

Né sur la Côte-Nord, où il a grandi jusqu’à l’âge de sept ans à Havre-Saint-Pierre, il est l’aîné d’une famille de trois garçons, a connu la pauvreté, la misère, la solitude. Quand sa mère est décédée de la tuberculose, il avait sept ans. À partir de ce moment, sa vie a complètement basculé. Son père, qui était trappeur, n’avait pas les moyens de payer pour l’éducation de ses garçons. À l’âge de neuf ans, Léo Cormier et ses deux frères sont placés à l’orphelinat à Québec. Il en sortira à l’âge de 18 ans, avec pour tout bagage, une septième année d’école complétée. D’homme de métier au moulin de papier à serveur de taverne, il a été contraint de toucher à tout pour gagner sa vie. Mais alors qu’il travaille à la taverne et qu’il a tout pour devenir, comme il dit, « un vrai bum », il trouve sur son chemin la Jeunesse Ouvrière catholique (JOC), « un mouvement dans lequel tu pouvais rendre service aux autres ». À partir de ce moment sa vie prend un nouveau tournant et il met au service des autres ce qu’il a de meilleur en lui : sa soif de justice.

 

C’est que très tôt dans sa vie, raconte-t-il, il a vécu des injustices : « Perdre ma mère à l’âge que j’avais, c’était la plus grande injustice que je pouvais vivre, puis être placé dans un orphelinat… » S’il n’est pas devenu révolutionnaire d’extrême gauche, avouera-t-il, c’est peut-être à cause de la JOC mais aussi de la Ligue des droits de l’homme, qui deviendra plus tard la Ligue des droits et libertés. Cette  dernière a été une réponse au besoin qu’il avait de corriger les injustices.

 

Léo Cormier a passé toute sa vie à rendre service aux jeunes, aux plus démunis, aux plus vulnérables, aux plus pauvres, soit par son travail de conseiller en service social, soit par ses engagements et son militantisme dans différents organismes. L’éducation a été pour lui une clé qui lui a permis de sortir d’un univers de misère. Il a complété par les soirs sa huitième, sa neuvième puis sa dixième année. Plus tard, quand il s’est mis à rêver à l’avenir de ses filles, il a tout de suite souhaité qu’elles soient diplômées. Devinez pourquoi? « Pour qu’elles aient suffisamment d’instruction. Pour qu’elles ne connaissent pas la misère… »

 

Léo Cormier est décédé en 1984 à l’âge de 60 ans.

 

N.B. Les citations sont tirées d’une entrevue réalisée avec Léo Cormier en 1975 à la radio de Radio-Canada.

 

 Texte préparé par Luc Brunet, ancien membre du CA

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